Presse 2

Index Biographie Galeries

Historique
Presse

 

 

 

 

 Article paru dans Fraternité Evangélique

Date: mensuel juillet/août 2002

Article et photo

 

Jacqueline FAYET

Témoigner par la sculpture

UNE FEMME QUI SCULPTE le métal, qui cherche des morceaux de rebut, les travaille au chalumeau et en fait des ouvres d'art, des ouvres fortes qu'on reçoit comme un coup de poing et qui donnent souvent envie de pleurer. Une femme d'une grande sensibilité, toujours prête à se dévouer, à aider - mais elle est forte, et l'a prouvé.

Elle a reçu de nombreuses distinctions et expose fréquemment à Paris et à l'étranger. On peut voir son Christ au Musée du Désert et la rencontrer à la Maison fraternelle, à Paris.

Quelle est la part du protestantisme dans votre choix artistique ?

J.F. Mon choix, je le ressens comme une poussée vers un absolu, quelque chose de plus en plus épuré. Cette poussée est donnée par les gènes et par l'éducation. J'ai été nourrie de protestantisme dès l'école du dimanche, et par mon père, qui était sévère tout en étant très humaniste. On ne s'en rend pas compte tout de suite, mais au fur et à mesure que la vie avance, le fait d'être protestant remonte à la surface.

La vocation artistique a dû venir tôt puisque dès la maternelle, on exposait les bonshommes que je faisais en pâte à modeler. A l'âge du lycée, j'ai passé tous mes jeudis, toute la journée, à l'école municipale des Beaux-Arts -c'était à Aix-en-Provence. J'ai voulu aller à Paris, faire les Beaux-Arts en sculpture. Mon père l'a admis : il estimait qu'il fallait prouver par soi-même qu'on est capable d'aller jusqu'au bout de son chemin, quel qu'il soit.

Après les Beaux-Arts, j'ai passé deux années à la Casa Vélasquez, à Madrid, qui reçoit des artistes et des agrégés hispanisants, d'où un rapport art et culture intéressant.

C'est là que j'ai commencé à travailler le fer; l'ambassade de France m'avait trouvé un atelier dans la montagne et tout le village venait regarder une femme en train de souder !

.

  

 

Ensuite j'ai travaillé dans des conditions invraisemblables : il est très difficile de trouver un local assez grand et où l'on puisse travailler au chalumeau. J'ai mis vingt ans à avoir un atelier - et entre temps j'ai élevé trois enfants et enseigné

Pouvez-vous exprimer comment vient votre inspiration?

J.F Elle est provoquée par des émotions fortes, c'est un peu douloureux. Par exemple, à l'annonce d'attentats, je suis en colère, révoltée etje m'extériorise par mon travail. L'inspiration religieuse vient de la même façon. Mon éducation me porte à faire partager ma révolte contre l'injustice, mon rôle est d'être témoin : je le fais par mon moyen propre, qui est la sculpture.

Dans ce qu'on nomme inspiration, on a quelquefois l'impression de quelque chose qui vous dépasse, on se sent en communion, dans un état second qui vous porte.Dès qu'on a en soi une idée précise, on voudrait qu'elle soit réalisée, mais il faut deux ou trois mois pour seulement s'approcher de ce qu'on désire. En outre, le travail manuel est fastidieux et je fais tout moi-même jusqu'au ponçage.

Quelle est la place de témoin de l'artiste dans la société ?

J.F. Chacun de nous doit apporter quelque chose aux autres et laisser ainsi un témoignage sur terre. Un artiste le fait en créant. Il a besoin de montrer ce qu'il a fait, de se mettre en avant pour se faire entendre, mais en même temps, il n'a pas envie d'expliquer aux autres ce qu'il a voulu faire, il a besoin d'être seul. C'est contradictoire et pas tellement facile à vivre.

Plus on avance et plus on se sent humble parce qu'on se rend compte de ses manques et l'on se remet sans cesse en question. C'est d'autant plus difficile qu'on voudrait apporter quelque chose et qu'on ne se sent pas à la hauteur...

Propos recueillis

par Elisabeth HAUSSER

 

 

 

 

 

 


[Index] [Biographie] [Galeries]

Copyright (c) 2003 Jérôme LEROY. Tous droits réservés.
jlry@hotmail.fr